La création des différentes salles

Antiquités:

Orientales:

Le département présente, dans la formation de ses collections – qui comptent plus de 100 000 objets – une originalité par rapport aux autres départements du Louvre : il est lié à la recherche archéologique qui fut d’ailleurs le motif déterminant de sa création. La France fut pionnière dans le domaine de l’archéologie au 19e siècle, par le biais de ses consuls ou de ses érudits envoyés dans l’Empire Ottoman et en Perse. La volonté d’explorer la Terre Sainte et tous les lieux mentionnés dans la Bible et dans les récits des auteurs classiques fut à l’origine de la naissance des collections orientales du Louvre. C’est en Mésopotamie que les premières explorations eurent lieu. Paul‐Emile Botta, consul de France à Mossul, ressuscita la civilisation assyrienne par ses fouilles à Khorsabad en 1843‐1845. Le premier « Musée Assyrien » fut inauguré le 1er mai 1847 et rattaché au département des Antiques. Il fut complété par les fouilles de Victor Place, quelques années après Botta. En 1877, Ernest de Sarzec découvrit les Sumériens en fouillant le site de Tello en Mésopotamie du sud. L’arrivée au Louvre des premières antiquités sumériennes de Tello en 1881 ‐ et notamment les statues de diorite sombre représentant Gudea, prince de Lagash ‐ détermina la création du département des Antiquités Orientales. La section mésopotamienne s’enrichit peu à peu dans la première moitié du 20e siècle grâce aux fouilles notamment de l’assyriologue François Thureau‐Dangin dans le palais assyrien provincial du 8e siècle av. J.‐C. de Til Barsip/Tell Ahmar en Syrie orientale ; également par ses recherches à Arslan Tash, capitale d’un royaume de Syrie du Nord rattaché ensuite à l’Assyrie. L’apport le plus important vient des fouilles d’André Parrot qui, à partir de 1933, mit au jour Larsa, une ancienne capitale du Pays de Sumer ; et principalement Mari, ville du Moyen Euphrate syrien, siège de dynasties qui firent le lien entre les civilisations de Mésopotamie et du Levant au IIIe et au début du 2e millénaire.
Babylone entra au Louvre avec le « Code de Hammurabi » retrouvé lors des fouilles du site de Suse, en Iran. Déporté par un prince du pays voisin d’Elam, au 12e siècle av. J.‐C., le monument fut exposé sur l’Acropole de Suse. C’est là que les pionniers de la Mission archéologique française à Suse retrouvèrent toute la grande sculpture mésopotamienne qui fait du Louvre un conservatoire d’Akkad, de Sumer et de Babylone. Des réglementations et accords bilatéraux sur les Antiquités furent mis en place dans l’Empire Ottoman et en Perse à la fin du 19e siècle, établissant des modalités de partage des antiquités recouvrées.

L’Iran ancien est représenté au Louvre grâce aux fouilles de la métropole de Suse, fondée vers 4000 av. J.‐C. Nos collections couvrent toute son histoire qui culmine avec les grands rois de l’Empire perse, Darius et Xerxès et le décor de leur palais, construit vers 500 av. J.‐C. Marcel Dieulafoy, parti à la recherche des sources de la culture occidentale, explora ce palais en 1885‐1886 et rapporta au Louvre les premiers éléments de son décor polychrome dont la présentation fut inaugurée en 1897. Son travail à Suse fut continué par la Délégation française en Perse, créée en 1898 par Jacques de Morgan et poursuivi jusqu’à la veille de la guerre Irak‐Iran en 1979. La collection d’objets de Suse et d’autres régions d’Iran s’enrichit par le biais du produit des fouilles françaises – le principe du partage s’étant maintenu jusqu’en 1973 – grâce notamment à l’exploration de sites du Plateau Iranien – Tepe Giyan et Tepe Sialk – dès 1931, par Roman Ghirshman, qui explora également la ville royale de Tchoga Zanbil, près de Suse, de 1947 à 1967. Diverses donations permirent au département d’acquérir des collections d’Iran du Nord.

La formation de nos collections du Levant – de Syrie, Liban (Phénicie), de Palestine, de Chypre et d’Anatolie – a une origine aussi ancienne. En 1860, l’expédition militaire au Levant envoyée par Napoléon III fut doublée d’une mission archéologique dirigée par Ernest Renan. Il explora de nombreux sites où il découvrit une importante collection d’antiquités phéniciennes. Il envoya au Louvre le noyau de sa collection phénicienne, comportant des pièces provenant essentiellement de Byblos, Tyr et Sidon d’où vient notamment une importante série de sarcophages. La longue inscription du sarcophage du roi Eshmunazor de Sidon, rapporté par le duc de Luynes en 1855, fit progresser la connaissance de la langue phénicienne. Le but de ces missions était hautement scientifique et ceprincipe régla le choix des Antiquités envoyées au Louvre. Pierre de Ségur‐Dupeyron, consul de France à Damas, avait rapporté, dès 1846, deux têtes funéraires du site de Palmyre, dans le désert syrien. Ce furent les premières antiquités palmyréniennes à entrer au Louvre avant que des dons et achats dans les grandes collections privées qui se formèrent alors par suite de l’intérêt scientifique porté à ces régions, ne viennent enrichir cette collection, parmi d’autres. Au lendemain de la Grande Guerre (1914‐1918), la France, alors puissance mandataire en Syrie, organisa l’exploitation et la conservation des monuments, suscitant une activité archéologique importante dont le site de Ras Shamra, l’antique Ugarit sur la côte syrienne, près de Lattaquié, fouillé à partir de 1929 par la mission française dirigée par Claude Schaeffer, ce qui valut au Louvre des monuments attribués par partage jusqu’en 1939. Le site, comme celui de Mari sur l’Euphrate, est encore fouillé par une mission française. Dans les pays issus de la réorganisation de l’Empire Ottoman après 1918, sous mandat français et anglais, le partage eut lieu jusqu’à la seconde guerre mondiale. Toutefois, les derniers objets issus de fouilles françaises entrés au Louvre selon ce principe proviennent du site de Meskene/Emar en Syrie, fouillé par Jean‐Claude Margueron entre 1972 et 1976 et qui révéla une civilisation originale du 13e siècle av. J.‐C. Dans le cadre de la Campagne de Sauvegarde des Antiquités de l’Euphrate, le Gouvernement syrien autorisa, à titre exceptionnel, le partage du matériel retrouvé par les missions étrangères dans la zone inondable. Le lot attribué à la France est entré au Louvre en 1980.

En Palestine, Félicien de Saulcy explora le « Tombeau des rois », à Jérusalem dans les années 1860. Après le duc de Luynes, Charles Clermont‐Ganneau – consul de France à Jérusalem – déploya une activité de recherche et d’études ; en 1873, il estampa, puis acheta pour le Louvre les débris d’une stèle de basalte rapportant la victoire de Mesha, roi de Moab sur le royaume d’Israël, après la mort d’Achab, au 9e siècle av. J.‐C. En Israël, des fouilles entreprises après la guerre par Jean Perrot sur le site de Beersheba dans le Négeb témoignent d’une civilisation pastorale remontant au milieu du 3e millénaire av. J.‐C.. Les objets quotidiens venant de Tell el Far’ah sont le fruit des fouilles du Père Roland de Vaux de l’Ecole Biblique et Archéologique Française de Jérusalem (EBAF); ils remontent à la monarchie israélite puisque ce nom recouvre celui de l’ancienne Tirsa, première capitale du nord après la séparation qui suivit la mort du roi Salomon au 10e siècle av. J.‐C. Des dons et dépôts du Département des Antiquités d’Israël complètent ponctuellement les collections.

À Chypre, le marquis Melchior de Vogüé, en mission en 1862 et 1864, rapportait les premières collections d’Antiquités chypriotes parmi lesquelles le monumental vase de pierre d’Amathonte qui s’élevait sur l’acropole devant le sanctuaire d’Aphrodite (7e‐ 4e siècle av. J.‐C.). La majorité de la très importante collection d’antiquités chypriotes du Louvre vient des fouilles entreprises par Claude Schaeffer dans la nécropole de Vounous à dater vers 2300 av. J.‐C., et sur le site portuaire d’Enkomi, près de Salamine, dont le contenu des tombes témoigne de la prospérité aux 13e‐12e siècles av. J.‐C.

Anatolie, Arabie, Afrique du Nord ... Des missions effectuées par Ernest Chantre de 1892 à 1894 permirent l’entrée au Louvre d’une série d’antiquités anatoliennes, qui furent complétées par divers dons et acquisitions de collections particulières à la fin du 19e et au début du 20e siècle, ce qui est également le cas pour les importants fonds puniques et sud‐arabiques qui bénéficièrent en outre de dépôts des collections de la Bibliothèque nationale de France et de l’Académie des Inscriptions et Belles‐Lettres. Les collections du département s’accrurent en outre par des donations ou des achats de pièces conservées dans des collections privées ou apparues anciennement sur le marché des antiquités, permettant de compléter des séries et d’en créer de nouvelles, dans un souci de regrouper des témoins de toutes les provinces culturelles de l’ancien Orient. Actuellement, la situation troublée au Moyen‐Orient affecte notre capacité d’enrichissement. Nos accords de coopération bilatérale avec les pays du Proche‐Orient permettent des prêts ou dépôts d’œuvres au Louvre, ce qui semble être le moyen le plus satisfaisant pour conserver au département sa valeur encyclopédique unique, fondamentale pour la pédagogie et la recherche. Cela permet au Louvre, en outre, de pouvoir exposer des œuvres inédites et impossibles à obtenir autrement. C’est dans ce cadre qu’un accord avec le Royaume hachémite de Jordanie a permis la mise en dépôt à long terme d’une statue en gypse trouvée lors des fouilles du site d’Ain Ghazal, datant d’environ 7000 av. J.‐C., entrée au département en 1997. Ce développement permet de préserver le lien fondamental avec l’archéologie, pour lequel les conservateurs furent des pionniers et sur lequel fut fondée une collection qui restitue – mieux que nulle autre – toute l’histoire du Proche‐Orient ancien.

égyptiennes:

La création d'un département d'antiquités égyptiennes au Louvre n'est pas la conséquence directe de l'expédition de Bonaparte en Égypte entre 1798 et 1801. Les antiquités recueillies alors par les savants furent saisies par les Anglais comme butin de guerre ; parmi elles, la célèbre Pierre de Rosette aujourd'hui à Londres. Un petit nombre d'œuvres rapportées à titre privé entrèrent au Louvre bien plus tard.
En revanche, la publication du livre de souvenirs de Vivant Denon en 1802, Voyage dans la Haute et la Basse Égypte, et des volumes de la Description de l'Égypte, par les membres scientifiques de l'expédition, entre 1810 et 1830, réactive l'intérêt pour l'Égypte ancienne au cours du premier quart du 19e siècle, plus profondément que le goût superficiel qui s'était manifesté dans le mobilier à partir de la fin du règne de Louis XVI.
Jean-François Champollion, né avec le siècle, grandit dans cette atmosphère. Authentique linguiste maniant les langues anciennes et sémitiques, il résout l'énigme de l'écriture et de la langue pharaoniques en 1822. Avide de faire connaître la civilisation égyptienne et de combattre les préjugés des savants de son temps, il travaille à l'installation du musée de Turin. Il convainc le roi de France Charles X d'acheter trois des grandes collections en vente à ce moment en Europe (Durand, Salt et Drovetti). Par ordonnance royale du 15 mai 1826, il est nommé conservateur d'un nouveau département au Louvre, qui est inauguré le 15 décembre 1827.

grecques, etrusques et romaines

La section des antiques ouverte dès 1793 se constitue autour des anciennes collections royales enrichies par les saisies révolutionnaires. Le musée s'installe en 1800 dans les appartements d’été d'Anne d'Autriche et en 1807, sont achetés plus de cinq cents marbres de la collection Borghèse suscitant l’aménagement de la salle des Cariatides, du rez-de-chaussée du pavillon du roi et des appartements d’hiver de la reine. Après la restitution des œuvres en 1815, E.Q. Visconti (1751-1818), premier « surveillant des antiques » mène une active politique d'acquisition. En 1821, la Vénus de Milo offerte par le marquis de Rivière à Louis XVIII rejoint les collections. Le fonds composé essentiellement de marbres, s'enrichit d’objets archéologiques par l’achat des collections Tochon (1818) et Durand (1825-1836), à l’origine de la création en 1827 du musée Charles X au premier étage du Palais, puis en 1861 par celui de la collection Campana dont la collection de vases est installée au premier étage de l'aile sud de la Cour carrée, dans la Galerie parallèle au musée Charles X. Dans la deuxième moitié du 19e siècle, les missions archéologiques font parvenir au Louvre de nombreux objets provenant d’Afrique du Nord et de tout l’Empire ottoman. La Victoire de Samothrace découverte en 1863 par Champoiseau est exposée au sommet de l’escalier Daru à partir de 1884. On découvre alors la sculpture grecque archaïque (Coré de Samos, Tête de Cavalier, Dame d'Auxerre) et les « Tanagras » de Béotie. Au début du 20e siècle, une refonte complète du département est imaginée et progressivement mise en œuvre. Le musée des sculptures hérité de Napoléon est démantelé en 1934 tandis que s’impose un classement chronologique. Un parcours consacré à l’art grec est déployé au rez-de-chaussée autour des sculptures dans les salles des appartements d’hiver de la reine, de la salle de Diane et de celle des Cariatides, et un circuit consacré à l’art romain est organisé autour des anciens appartements d’été d’Anne d’Autriche. Aux lendemains de la seconde guerre mondiale sont inaugurées à l’étage l’ancienne salle Lacaze pour les bronzes, la salle Henri II consacrée à l’art étrusque et la Salle des bijoux qui abrite les trésors d’argenterie romaine et les fresques romaines.

Sculptures:

En 1871 les collections sont détachées de celles des Antiques pour être réunies à celles des Objets d'art, sous l'autorité de Barbet de Jouy à qui l'on doit l'acquisition de la Vierge d'Olivet et celle de la première sculpture italienne : la Porte de Crémone. En 1893, les Sculptures deviennent une entité séparée des Objets d'art, sous la houlette de Courajod. Ce dernier acquiert les premières œuvres romanes, offre un grand Christ bourguignon, fait entrer les plus importantes sculptures italiennes et obtient de nombreux dons. En 1900, le catalogue publié par son successeur Michel recense 867 numéros. Michel et Vitry poursuivent l'œuvre de Courajod. Les legs et dons de collectionneurs se font de plus en plus nombreux et la Société des amis du Louvre offre des œuvres prestigieuses.
Le plan de Verne assigne au département les salles du rez-de-chaussée du pavillon des Etats et de l'aile de Flore. Vitry réalise le programme des nouvelles salles inaugurées en 1934 et en 1936. Les sculptures des 18e et 19e siècles ne sont déployées dans le pavillon de Flore, qu'après 1968, sous la direction de Pradel. Le départ vers le musée d'Orsay en 1986 des sculptures de la seconde moitié du 19e siècle précède de peu le transfert total des collections dans de nouveaux espaces. Dans le cadre du projet Grand Louvre, les sculptures se répartissent dans deux secteurs, inaugurés en 1993 et en 1994 : collections françaises au rez-de-chaussée de l'aile Richelieu autour des cours couvertes Puget et Marly ; collections étrangères, à l'entresol et au rez-de-chaussée de l'aile Denon.

En 1824 est inauguré le « musée de Sculpture moderne » au rez-de-chaussée de l'aile ouest de la cour carrée, dans ce qu'on appela la « Galerie d'Angoulême ». Cinq salles furent peuplées de près d'une centaine de sculptures présentées dans un élégant mélange de styles et d'époques. La liste civile des souverains acquit par la suite peu de sculptures. Sous Louis-Philippe, le gouvernement se préoccupe surtout du nouveau musée historique de Versailles.
Mais, à partir de 1847, Léon de Laborde, qui au sein du département antique est plus spécialement chargé des époques récentes, cherche à donner de la vigueur à la galerie. Sa politique est poursuivie par le nouveau directeur Jeanron, secondé par Longpérier. Ils rapportent de Versailles les morceaux de réception, les œuvres de Pilon et de Puget. Trois salles de la galerie d'Angoulême sont remaniées selon des critères historiques. Les collections de la Renaissance sont transférées dans l'aile sud de la cour carrée, à l'est du pavillon des Arts tandis que la sculpture moderne peut occuper toute l'ancienne galerie d'Angoulême. Une politique d'acquisition volontariste est menée. Un vestibule consacré à la statuaire médiévale est inauguré. Il présente, face à la statue de Childebert, la première statue acquise de cette époque : la Vierge provenant de Blanchelande (1850). En 1855 Barbet de Jouy publie un catalogue répertoriant trois cent quatre vingt huit numéros.

Peintures:

L'origine du département des Peintures remonte à la volonté de François Ier de former dans son château de Fontainebleau une galerie de peintures telle qu'on pouvait en admirer dans les palais d'Italie. Il acquiert les chefs-d’œuvre de grands maîtres italiens (Michel-Ange, Raphaël) et invite certains artistes à sa cour (Léonard de Vinci, Rosso ou Primatice). Les collections de la Couronne transmises de souverain en souverain sont sans cesse enrichies selon les goûts et les modes du temps par des acquisitions importantes comme celle de la collection du banquier Jabach par Louis XIV ; si sous le règne de ce dernier la collection connaît une exceptionnelle expansion dans le domaine italien, c'est sous Louis XVI qu'entreront les premières peintures espagnoles (Murillo) et des séries d'œuvres françaises (Le Sueur). Les écoles du Nord, quant à elles, font progressivement leur entrée au 17e et surtout au 18e siècle.
En 1793, cet ensemble constituera le point de départ de la collection du Muséum qui ouvre ses portes au palais du Louvre. Au cours du 19e siècle, les saisies révolutionnaires et les conquêtes artistiques du général Bonaparte, contribuent à l'enrichissement du département ainsi que des achats à des particuliers (collection du marquis de Campana) ou lors des Salons et des donations (collection du docteur La Caze en 1869).
Une étape est franchie en 1986 avec l'ouverture du musée d'Orsay ; le partage des collections s'établit suivant une barrière chronologique : la révolution de 1848 ; Courbet et les impressionnistes quittent le musée pour rejoindre la gare d'Orsay.

Le département des Peintures occupe l'ensemble du premier étage de l'aile Denon pour les peintures italienne et espagnole ainsi que tout le second étage de la Cour carrée et de l'aile Richelieu pour les écoles françaises et nordiques, dans une progression chronologique.
Cette situation géographique est le résultat de trois siècles de redéploiement des collections au sein du palais du Louvre. A l'origine, la galerie de peinture était installée dans la Grande Galerie et le Salon carré. Par la suite, les peintures gagnent les salles autour de la Cour carrée, à l'endroit même où, au 18e siècle, étaient logés certains artistes ; ainsi, certaines peintures du 18e siècle sont exposées à quelques mètres du lieu qui les a vues naître. On peut citer, parmi les anciens occupants des lieux, Vouet, Le Brun, Fragonard ou David.
Une série de peintures représentant des vues des salles par des artistes comme Hubert Robert permet de suivre l'évolution des accrochages : opulents et denses, aux 18e et 19e siècles, de plus en plus aérés et rationnels au 20e siècle, reflet des progrès de l'histoire de l'art et des nouvelles données concernant les écoles et les peintres.
Les différents décors du musée constituent une histoire illustrée du décor peint en France sur près de trois siècles : des plafonds de Romanelli dans les Appartements d'été d'Anne d'Autriche aux éléments créés spécialement pour le musée au 19e (salle Duchatel) et 20e siècles (Les Oiseaux de Braque du plafond de la salle Henri II), c'est un ensemble exceptionnel d'œuvres en situation que découvre l'amateur de peinture.

Pavillon de l'Horloge:

Le Louvre Médieval:

Les vestiges du premier Louvre, château-fort construit par Philippe-Auguste en 1190, guident le visiteur aux origines du palais. La nouvelle scénographie dont ils bénéficient restitue la dimension monumentale de cette architecture militaire.

Première Salle:

L'architecture du Louvre

Des reliefs de l'atelier de Jean Goujon au Triomphe de Flore de Jean-Baptiste Carpeaux, les murs de la première salle du pavillon, consacrée à l'histoire de l'architecture, donnent à voir des reliefs et des fragments du décor sculpté du palais. De la Renaissance au XIXe siècle, ils rappellent que le Louvre est aussi un palais de la sculpture où les plus grands artistes ont contribué aux fastes de l'architecture tout en donnant forme à la propagande des souverains commanditaires.
Cependant, au-delà du visage changeant des différents régimes politiques et de l'inventivité toujours renouvelée des artistes, l'identité du palais se retrouve dans la fidélité au Louvre de la Renaissance, dont les motifs et les figures sont sans cesse repris.

Salle Saint-Louis:

Les vies du Louvre

Casque de parade ou pièces de jeu d'échecs, chaussures d'enfant ou grenouilles de fontaine, coupe vénitienne ou bourdalou : les pièces issues des fouilles menées lors des travaux du Grand Louvre entre 1983 et 1992, présentées dans la deuxième salle du parcours qui est aussi la plus ancienne salle du palais, témoignent des multiples vies abritées par le Louvre ou par les maisons et hôtels particuliers du quartier environnant.

La Chapelle:

Un musée, des collections

Seize œuvres, ambassadrices des différents départements, du musée Delacroix et d'autres institutions associées (comme le musée du quai Branly), siègent dans la Chapelle, troisième salle du pavillon de l'Horloge dédiée à la variété et à l'histoire des collections du musée.
L'histoire des collections du Louvre prend naissance dans ses murs avant l'ouverture du musée. Une sculpture antique et une peinture italienne provenant des collections royales ouvrent le parcours. Elles symbolisent le début d'une histoire qui remonte à Henri IV. C'est lui en effet qui consacra une salle des appartements royaux à sa collection.

Un couple appartenant à la chapelle d'un Mastaba de la Ve dynastie (2500-2350 av. J.-C.) illustre l'enrichissement protéiforme des collections du département des Antiquités égyptiennes. Il a en effet appartenu au directeur du Louvre sous Napoléon Ier, Dominique Vivant Denon (1747-1825). Membre de l'expédition de Bonaparte en Égypte en 1798-1799, Vivant Denon contribua fortement à l'engouement de ses contemporains pour l'Égypte ancienne.

Une très belle aiguière en agate du milieu du XVIIe siècle témoigne de la permanence de l'ambition royale. Ces vases en pierres dures ou ces gemmes, sélectionnés d'abord par Mazarin puis acquis par Louis XIV, constituent une des plus importantes collections d'Europe. Leurs tribulations, racontées dans le pavillon, suivent les vicissitudes de l'histoire de France. L'aiguière prend place au Louvre dès la première moitié du XIXe siècle, puis, à partir de 1861 et jusqu'à aujourd'hui, dans la galerie d'Apollon commandée par Louis XIV. Une peinture anonyme de la galerie atteste, vers 1880, le lien étroit qui unit depuis plus de cent cinquante ans cette aiguière et ce décor. Ce tableau permet de mesurer combien les espaces du musée ne sont ni un écrin formel ni un réceptacle indifférent pour les œuvres, mais des lieux dont l'histoire est intrinsèquement et physiquement liée à celle des collections et à celle de la nation.

Salle d'Actualité:

L'actualité du musée

La salle d'actualité est introduite par des vues peintes représentant des salles du Louvre où le visiteur est peint tour à tour déambulant, admirant, copiant ou riant dans ce musée qu'il s'approprie peu à peu. Ces peintures, dans le jeu des attitudes et des costumes à la mode changeante, intègrent le visiteur dans l'histoire du musée.

Aujourd'hui les regards se portent sur le Louvre Abu Dhabi ou sur le Pôle de conservation du Louvre à Liévin, et sur les dernières acquisitions. Chacune des missions est visible. Sur les murs, des écrans illustrent le partage du patrimoine et des connaissances, l'accueil des jeunes visiteurs et des artistes contemporains, la préservation ainsi que la rénovation des bâtiments du Louvre et du jardin des Tuileries.

Sur une table sont présentées des œuvres permettant de comprendre la vie des collections : acquisitions récentes, objets restaurés ou sujets d'études en cours. Des dossiers numériques les accompagnent et exposent en détail les actions et les recherches menées au musée, pour donner à comprendre au visiteur ce que sont, au quotidien, les missions d'une institution publique.

Arts Graphiques:

La situation particulière du département des Arts graphiques répond à l’un des caractères des œuvres dont il assure la conservation matérielle : la fragilité des techniques et la sensibilité des papiers à la lumière n’en permettent pas l’exposition permanente. Le département se trouve ainsi organisé à la manière d’une bibliothèque. Les œuvres y demeurent rangées dans des réserves et n’en sortent que pour consultation dans la salle de lecture ou pour des expositions dont la durée, limitée à quatre mois dans des conditions de présentation très précises – éclairement de cinquante lux à la surface de l’objet, température de vingt degrés, humidité relative de cinquante pour cent -, doit être suivie d’une période de repos de cinq ans.

Le département des Arts graphiques regroupe trois institutions différentes. Le Cabinet des dessins est issu de l’ancienne collection des rois de France. Il trouve son origine dans l’achat par Louis XIV, en 1671, de cinq mille cinq cent quarante-deux dessins appartenant au plus illustre amateur de l’époque, Everhard Jabach, auxquels vinrent s’ajouter, dès la fin du siècle, les fonds d’atelier des Premiers peintres Charles Le Brun et Pierre Mignard. En dehors de quelques acquisitions d’importance à la vente Mariette, en 1775, l’ensemble fut plus que doublé par des grandes saisies et conquêtes révolutionnaires – comte d’Orsay, Saint-Morys, ducs de Modène – avant d’entrer, sous le Directoire, dans la logique d’accroissement du musée moderne. Afin de ne pas rompre l’unité de l’ensemble et d’en faciliter la consultation, le fonds et les acquisitions du musée d’Orsay dans le domaine du dessin – à l’exception des pastels, de l’architecture et des arts décoratifs – ont été maintenus au musée du Louvre. Le Cabinet des dessins renferme ainsi aujourd’hui, si l’on compte les versos dessinés, plus de cent cinquante mille œuvres.
La Chalcographie, fondée en 1797, réunit les cuivres provenant, entre autres origines, du Cabinet des planches gravées du roi, institué par Colbert, et de l’ancienne Académie de peinture et sculpture.
Au Cabinet des dessins et à la Chalcographie est venue s’ajouter, depuis 1935, la Collection Edmond de Rothschild, principalement composée d’estampes, et dont le statut de donation impose une conservation séparée.

L’impossibilité d’exposer en permanence les dessins et les gravures explique l’importance que revêt l’organisation de présentations temporaires dans l’activité du département des Arts graphiques. Un certain nombre de salles du musée sont ainsi affectées à des accrochages périodiques particuliers : cartons italiens, dessins français, pastels, miniatures, nouvelles acquisitions, dossiers et actualité de la recherche. Quant aux expositions proprement dites, elles sont l’occasion de montrer les collections selon des perspectives dont la nécessaire diversité répond à la très grande richesse matérielle, historique et iconographique du fonds.

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